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Institut des Traditions du Japon /日本伝統協会 / Institute of Japanese Traditions / Nihon Dento Kyokai /
5 juin 2014

L’image et les réalités des Tengu, esprits de la montagne au Japon.

 Les Tengu sont des images d’esprits fantastiques de la culture japonaise.

Il y a évidemment des présentations contradictoires de cet étrange personnage, en occident comme au Japon.

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Ces divergences d’opinion s’expliquent par le point de vue adopté et le désir de valorisation de certaines sectes ou traditions religieuses au dépend de la culture aborigène du Japon.

Le panthéon des religions essaie toujours de dévaloriser celui de la culture autochtone, animiste, qui a tendance à subir la discrimination des religieux colonisateurs, même si ceux-ci appartiennent au même pays, mais suivent des intérêts politiques qui les poussent à utiliser les mythologies pour en faire des religions utiles à leur prise de pouvoir politique.

Le Tengu est souvent présenté en occident comme un démon, ce qui ressemble à l’attitude observée par le christianisme envers les esprits de la nature qui étaient vénérés par nos ancêtres les gaulois qu’il fallait éliminer dans le cœur et la mémoire des peuples qui voyaient le monde comme un lieu enchanté par des créatures merveilleuses, qui travaillaient à la pousse des plantes, au fonctionnement de la nature entière, et participaient à la vie de l’univers.

Le Tengu est  un être dont nous trouvons la représentation, sous la forme d’une grande tête ou de statues, au pied de montagnes. On sait que la montagne au Japon est une métaphore du monde spirituel, ou ciel.

Le culte ancien des montagnes est connu sous le nom de Sangaku Shinko, qui remonte à l’époque pré bouddhiste, c'est-à-dire avant l’introduction au Japon de la culture chinoise, qui a été le choix de certains clans de l’époque. Certains croient que la raison en était de défendre le Japon contre l’hégémonie chinoise. On peut en douter, si l’on consulte les annales chinoises qui parlent du Japon ancien.

Ces annales chinoises décrivent le Japon de l’époque comme un pays paisible ou règnent des jeunes filles douées de pouvoirs shamaniques, seules acceptées comme dirigeants de ce pays.

Par la suite, des clans que certains pensent être venus de Corée, auraient formé le clan Yamato, imposant la déesse du soleil comme chef des dieux, et auraient instauré un régime patriarcal. Il devait être renforcé pour asseoir le pouvoir politique patriarcal, la culture chinoise fut imposée par la force. L’affrontement des clans Mononobe et Nakatomi pour défendre l’ancien animisme natif est marqué par la victoire du clan Soga, qui impose alors le bouddhisme, un culte étranger qui dévalorise la spiritualité féminine et écologique de l’ancien shinto.

Avec celui-ci, le confucianisme chinois qui accentue le caractère patriarcal et hiérarchique de la société est adopté comme base de l’organisation sociale du Japon, préparant la future militarisation de l’état jusqu’au vingtième siècle.

On pourrait sûrement comparer ces évènements japonais au basculement de la culture gauloise, qui était basée sur la communion avec la nature, avec un fort aspect matriarcal et matrilinéaire, à l’ordre patriarcal imposé par l’invasion romaine et la destruction de la culture animiste gauloise. Ces évènements marquaient le début de la destruction de la vie en harmonie avec la nature, par l’influence et l’imposition de cultures agressives, qui n’ont cessé de pousser les peuples à se séparer et à ne plus respecter la nature, jusqu’à instaurer une société planétaire violente et destructrice de la nature incluant la négation de l’âme, aussi bien humaine que celle des êtres vivants, culture basée sur la croyance à la mort.

Les peuples animistes étaient tous sans croyance à la mort, et visaient à rester en équilibre avec la nature. 

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http://shikisanka.exblog.jp/17179077/

La nature créatrice était toujours considérée comme une entité féminine, donneuse de vie. (Le cycle de la nature étant vie, mort apparente ou plutôt transformation, et renaissance ou régénération). A noter que plus l’être humain devient égocentrique, plus il a peur de la mort, ce que Wilheim Reich avait bien identifié comme la cuirasse qui bloque le fonctionnement de l’énergie vitale et qu’il avait redécouverte. 

La thèse que nous présentons sur l’origine coréenne du clan Yamato est en quelque sorte une évidence supportée par de nombreux éléments. Citons seulement l'épée à sept branches (NanatsusayanoTachi),  conservée à Isonokami. Elle a été offerte au roi du Yamato par le prince héritier de Baekje, royaume de la péninsule de Corée. L'épée est conservée à Isonokami-jingū depuis les temps anciens, et a été redécouverte en 1873, son inscription incrustée en or s'est avérée être une précieuse ressource historique. L'épée n'est actuellement pas exposée. Le Nihonshoki nous dit que le prince coréen Amenohiboko s’était installé au Japon, et il a amené des objets sacrés, miroirs, épées, bijoux, symboles que l’on compte comme les objets sacrés de la famille impériale.  

Pour montrer la différence de conception et l’orientation de l’esprit véhiculée par les concepts spirituels, le bouddhisme, originaire de l’Inde, associe la nature à Mara, la force maléfique de l’illusion, issue du terme sanscrit Maya qui désigne à l’origine la mère et la force magique créatrice des peuples aborigènes, devenue sous l’influence des systèmes patriarcaux, certainement les envahisseurs aryens de l’Inde, l’illusion qui entraîne les êtres dans le cycle de la réincarnation, issue du désir d’exister (sic) des êtres vivants, qui est présentée comme la source du mal qu’il faut détruire.

D’où le fait que le but spirituel des efforts des yogis comme des bouddhistes soient exprimés en termes négatifs, comme nirvikalpa samadhi, soit la cessation annihilation de la conscience individuelle dans la conscience cosmique, et la formulation du but du bouddhisme comme nirvana, extinction de la flamme de la vie indiduelle.(Ceci est une confusion née d’une sous interprétation des états de conscience de fusion avec la nature, qui sont seulement l’expérience vécue de la véritable nature du monde).

La conséquence de la dévalorisation des cultes de la fertilité, dont l’ancien shinto est un élément, et de la séparation d’avec la nature, va de perd avec la cristallisation de l’ego qui devient enfermé dans l’apparence de la matière, et en perdant le contact avec la nature, subit un rétrécissement de ses perceptions, et en vient à ne plus percevoir que les éléments physiques, ce qui n’est pas naturel. Les enfants sont capables de percevoir les êtres non matériels, ainsi que les énergies et les forces. Ces capacités sont refoulées par le conditionnement culturel, jusqu’à ce que les enfants acceptent la vision du monde artificielle décrite par les adultes. Certains n’arrivent pas à se couler dans le moule, et deviennent perturbés, car leur perceptions extra sensorielles ou plutôt leur sens subtils restent rebelles au rétrécissement de l’âme.

Les dieux de la montagne

Nous avons dit plus haut que la montagne était une métaphore du ciel. Le ciel lui-même est une métaphore de la force énergie qui féconde la terre, et en s’unissant, ils ouvrent la création de la vie et l’apparition des êtres vivants, qui étant multiples sont les enfants de ces forces créatrices. Dans le shinto cette force est nommée Musubi, formée de deux aspects masculins et féminins.

La divinité de la montagne est fréquemment une déesse, dont le prototype peut être trouvé dans la divinité Inari, dans son aspect de Tamahime Inari. 

 Elle est liée à d’autres divinités où l’on trouve le dieu Saruta Hiko, qui est un tengu et en même temps, considéré comme le chef ou le Roi des amatsu kamis, c'est-à-dire les kamis divinités de la terre.

Le Tengu Saruta Hiko est fêté dans les villages de montagne de Nagano. 

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Sarutahiko du musée de Kamimura, Nagano Ken

Différents tengu célèbres sont associés à l’esprit de différentes montagnes du Japon. L’apparence du tengu est caractérisée par un long nez, qui peut faire penser à un singe nasique. Saru dans Sarutahiko désigne justement le singe. Certains masques de Noh font nettement penser à un phallus, aussi on peut penser que le tengu à long nez est un symbole de fertilité. Les organes reproducteurs étaient considérés par les anciens comme la représentation des forces créatrices, et non comme un symboles de sexualité impudique comme dans la société judéo chrétienne.

On sait qu’une appellation du dieu de la montagne est Yama no kami, associé au Ta no kami.

L’idée étant que le dieu de la montagne descend dans les vallées pour fertiliser les champs de riz. Un autre aspect des tengus est le Karasu Tengu, ou tengu à apparence de corbeau.

Le corbeau est un être qui est considéré comme un messager des dieux dans de nombreuses cultures.

Le corbeau est lié également à la vie à la campagne, et la vie paysanne. Les animaux messagers des Yama no kamis sont traditionnellement les loups, les corbeaux et les singes, que l’on trouvait dans les montagnes.

Les tengus sont connus pour protéger la montagne et en particulier les arbres. Ce sont donc surtout des esprits protecteurs de la nature. Une association écologique tokyoïte japonaise a pris le nom tengu (tengu association) pour défendre le patrimoine naturel contre la destruction.

A partir ce cela on peut penser que le tengu est un symbole de l’esprit de la forêt et de la montagne.

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 Le guerrier enfant Ushiwaka-maru entrainé au combat par Sojobo (à droite), le Tengu de La montagne Kurama. 1859. Par Kunitsuna Utagawa

L’aspect tête de monstre dans la culture ancienne. 

Si les religieux essaient de présenter les esprits de la nature comme des démons, ils associent en général les esprits monstres avec  le mal.

On sait que les enfants aiment en général les monstres peuplant souvent les histoires des contes.

Le gentil monstre.

 

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Le Kappa 河童 est un esprit de l'eau dont le sommet de la tête est plat, où se trouve de l'eau.

Dans les anciennes cultures, l’apparence monstrueuse des divinités est en relation avec la vitalité.

L’apparence monstre des dieux est considérée comme vitalisante, et protectrice.

On pourrait dire que le monstre est bon pour la santé dans la culture populaire.

Ceci n’est pas spécial au Japon, mais se retrouve évidemment dans toutes les anciennes cultures. D’où les fêtes où l’on se masquait et déguisait pour faire éclater les barrières mentales et vitales, souvent en association avec les cycles de la nature.

La vitalité de la nature, la pousse de la nourriture étaient toujours des sources de joie et de fêtes pour les humains, avant qu’ils soient bridés par les rabat joie professionnels que sont les puritains et les tueurs de traditions populaires.

L’idée que le karasu tengu (tengu corbeau) est inférieur au tengu long nez est inacceptable, vu l’importance prise par le Karasu tengu du mont Izuna, qui est bien dans le même symbolisme et la même considération que la divinité Inari.

On peut donc conclure que le tengu est un symbole contestataire, qui s’oppose à l’hégémonie des religieux, qui cherchent à détruire la vitalité du peuple en lui imposant un mode de vie artificiel, une hiérarchie source d’injustice, et par là visent à détruire la liberté de l’âme ; qui d’une façon mystérieuse est liée à la protection des arbres et de la nature. 

Ce film raconte les péripéties d'un Kappa.

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